Communiqué des sans-papiers grévistes de la faim du CRA de Vincennes

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Classé dans : Luttes & solidarité Mots clés : sans-papiers

Suite à la mort par asphyxie d’Abdelhak Goradia, dans un fourgon de la police aux frontières entre le centre de rétention de Vincennes et l’aéroport de Roissy, des détenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes se sont mis en grève de la faim depuis le vendredi 22 août.

Nous, retenus du bâtiment 1 du CRA de Vincennes, demandons :

  • que des journalistes puissent venir voir les conditions de vie dans le centre
  • que les acteurs des violences envers M. Goradia soient punis, car ils l’ont tabassé à mort
  • que la durée de rétention soit réduite à 20 jours car il y a trop de violences. Ce n'est pas la peine, 45 jours, ça ne sert à rien
  • que la nourriture soit améliorée. On mange très mal alors qu’on n’a pas demandé à être ici
  • une partie de la police est très agressive verbalement et fait des provocations. Ils vont jusqu'à dire des insultes dans le micro. Ils hurlent et font des gestes obscènes.

On ne négociera pas.
On continuera la grève de la faim tant que nos revendications ne seront pas satisfaites.

Témoignages depuis le centre de rétention de Vincennes :

On est toujours en grève de la faim. Le commandant n’est pas revenu nous voir depuis vendredi. La nuit a été calme. Mais les policiers continuent de nous provoquer.
Ils veulent qu’on mange et ils nous cherchent, ils veulent qu’on craque. D’habitude, il y a 2 policiers dans les parties communes ; là, ils sont 5 ou 6…

On continue la grève de la faim. Il n’y a pas de changements. Les policiers essaient de nous convaincre de manger.
Dès la première tentative d’expulsion, les policiers avaient scotché Abdelhak. Ils lui avaient scotché les jambes et menotté les mains dans le dos. C’est pas normal !
Ils l’ont amené comme ça dans l’avion et c’est le commandant de bord qui a refusé de le prendre, parce qu’il était complètement ligoté. On ne demande rien pour nous. On ne veut pas que ça se reproduise. C’est pas normal. On est des êtres humains. Il y a des policiers qui nous traitent comme des chiens.

Paris-luttes.info

Vers 18h, les flics ont dit à Abdelhak qu’il devait aller voir l’infirmière. En fait, c’était faux. Il est sorti de sa chambre, ils l’ont emmené à l’accueil et lui ont mis les menottes. À l’accueil, on entendait des bruits étranges, des bruits bizarres. Les gens qui étaient aux visites [au-dessus de l’accueil] ont tout entendu. Les flics lui ont mis une cagoule, un masque sur la tête. Les flics savaient qu’il allait refuser. Lors de la première expulsion, ils lui avaient dit : « Vous allez devant le juge ». En fait, ils l’ont emmené à l’aéroport. Il n’était pas d’accord, il a protesté et ils l’ont ramené au centre. Hier, toute la nuit, on l’a attendu parce qu’on savait qu’il allait refuser. Son cousin a téléphoné, il était inquiet. Et puis, ce matin, il nous a rappellés et il nous a dit qu’il était mort. Du coup, on fait la grève de la faim.

On est stressé parce qu’Abdelhak est mort. Son nom n’était pas affiché sur le tableau des expulsions. Il l’ont appelé quand on était en train de faire la prière vers 18 h. Dès qu’on a fini, il est descendu, soi-disant parce qu’il avait une visite. Dans un local de l’accueil, les flics l’ont frappé. Ils lui ont mis un casque, des menottes aux poignets et lui ont entravé les jambes. Les flics savaient qu’il allait refuser, alors ils ont fait la force avec lui. Ils avaient tenté de l’expulser une première fois le quatrième jour après son arrivée. Il ne savait pas comment ça se passait. Il est parti tout seul, dans une petite voitrure voir le juge et pas dans une camionnette comme habituellement. Déjà les flics l’avaient menotté aux jambes et aux poignets, il a refusé l’expulsion. Dès la première fois, ils ont fait la force, ils avaient la rage contre lui. Ils font n’importe quoi avec nous ! Même ses affaires sont encore ici, son portefeuille, sa veste… J’arrive pas à dormir, je stresse. Il dormait sur un matelas par terre, à coté de moi, je voyais sa tête. Et maintenant son matelas est vide, ça me stresse. On était décidé à tout brûler. J’ai vu la dame de l’ASSFAM et j’ai pleuré. On a décidé de faire la grève de la faim.

Sans Papiers Ni Frontières

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